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ÉTUDES CELTIQUES
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Sur la couverture et ci-contre : Relevé du revers d’une monnaie en bas alliage des
Osismes armoricains. D’après Venceslas Kruta [avec la collaboration de Miklós Szabó],
Les Celtes, racontés en images par Erich Lessing ; dessins de Danièle Bertin ;
traduit du hongrois, Paris, Hatier, 1978, 255 p.
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XL-2014
ÉTUDES
C E LT I Q U E S
FONDÉES PAR
J. VENDRYES
CNRS EDITIONS
15 rue Malebranche – 75005 Paris
ÉTUDES CELTIQUES
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Fondées par J. VENDRYES
Revue soutenue par l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS
COMITÉ DE RÉDACTION
Président :
Pierre-Yves LAMBERT
Président d’honneur :
Venceslas K RUTA
Secrétaire :
Jean-Jacques CHARPY
Membres :
Brigitte FISCHER
Pierre FLOBERT
Patrick GALLIOU
Donatien LAURENT
Hervé L E BIHAN
Jean L E DÛ
Thierry L EJARS
Secrétaire de rédaction :
Marie-José L EROY
La rédaction remercie chaleureusement Christophe BAILLY
pour sa contribution à l’iconographie de ce volume.
Pour tout ce qui concerne la rédaction de la revue, s’adresser à
Pierre-Yves Lambert
212 rue de Vaugirard
75015 Paris
lambert.pierre.yves@gmail.com
et
Marie-José Leroy
Laboratoire Archéologies et Philologie d’Orient et d’Occident (CNRS-ENS)
marie-jose.leroy@ens.fr
Renseignements :
CNRS ÉDITIONS
15 rue Malebranche
75005 Paris
Tel. : 01 53 10 27 00
Fax : 01 53 10 27 27
© CNRS ÉDITIONS, Paris, 2014
ISSN 0373-1928
ISBN 978-2-271-08174-2
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SOMMAIRE
Cédric LOPEZ, Jean-Claude RICHARD, Technique moderne
de reconstitution d’empreintes monétaires. Application à un type
monétaire préaugustéen des Rutènes ............................................................
Patrice LAJOYE, avec la collaboration de Claude LEMAÎTRE,
Une inscription votive à Toutatis découverte à Jort (Calvados, France) ..........
Pierre-Yves LAMBERT, Inscriptions gallo-romaines ..................................
Agnès BALMELLE, Bastien DUBUIS, Pierre-Yves LAMBERT,
Inscription sur tige de plomb trouvée à Reims ...............................................
Xavier DELAMARRE, Notes d’onomastique gauloise .................................
Aaron GRIFFITH, David STIFTER, New and Corrected ms. Readings
in the Milan Glosses ......................................................................................
William SAYERS, Fantastic technology in Early Irish Literature ..................
Lawrence ESON, Riddling and Wooing in the Medieval Irish Text
Tochmarc Ailbe ..............................................................................................
Gaël HILY, Du cycle mythologique au cycle épique : correspondances
entre le Dagda et Fergus mac Róech .............................................................
Kerstin PLEIN, Erich POPPE , Patterns of Verbal Agreement in
Historia Gruffud vab Kenan: Norm and Variation .........................................
Joseph-Claude POULIN, L’intertextualité dans la Vie longue
de saint Guénolé de Landévennec .................................................................
Patrice MARQUAND, Les Bretons à La Rochelle d’après le serment
au roi de France de 1224 ..............................................................................
† Gwennole LE MENN, Au sujet de l’Ankou (la mort personnifiée)
dans la Vie de sainte Nonne ...........................................................................
Pierre-Yves KERSULEC, Le progressif dans le breton de l’île de Sein :
éléments d’analyse .........................................................................................
7
21
29
35
41
53
85
101
117
145
165
223
247
251
Nécrologies ......................................................................................................... 285
Bibliographie ......................................................................................................
Résumés .............................................................................................................
Abstracts.............................................................................................................
Index des mots du volume XL .............................................................................
287
365
369
373
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INSCRIPTION SUR TIGE DE PLOMB TROUVÉE
À REIMS
PAR
Agnès BALMELLE
Bastien DUBUIS
Pierre-Yves LAMBERT
1. Le contexte archéologique
L’opération de fouilles préventives réalisée du 1er juin au 10 août 2001, au 17 boulevard de la Paix, à Reims, sur une superficie de 860 m2, a permis d’étudier l’évolution
d’un secteur oriental de la ville. Il s’agit d’un emplacement particulier qui a livré des
informations intéressantes sur les occupations précoces et les premiers témoins de
l’urbanisation du Haut-Empire. La parcelle étudiée se trouve dans un environnement
archéologique connu, en bordure intérieure et immédiate à l’arrière du fossé de l’oppidum attribué à la fin de la période gauloise1.
Les données actuellement disponibles permettent, en effet, de localiser le tracé de
l’enceinte avec précision dans ce secteur de la ville. On peut se référer aux observations ou aux opérations réalisées rue des Moissons, au nord-est, en 19932 et 19983, à
l’angle des rues Piper et des Moissons4, rue Houzeau Muiron5 et au 21 boulevard de la
Paix, en 1997, à quelques dizaines de mètres au sud6.
Si le passage du fossé se précise au cours des opérations, ainsi que les données
métriques de l’ouvrage, le mode opératoire pour la mise en œuvre de la levée de
terre et la précision chronologique restent toutefois à confirmer. Une seule opération
archéologique, menée dans la partie ouest de la ville en 1993, permet de proposer une
construction postérieure aux années 80 av. J.-C., avec décapage de la terre végétale
1. NEISS, Robert, ROLLET, Philippe, « Reims. L’oppidum et les débuts de la ville gallo-romaine »,
in Meetings between cultures in the ancient Mediterranean : Roma 2008, XVII International Congress
of Classical Archaeology. Proceedings of the 17th International Congress of Classical Archaeology,
Rome 22-26 sept. 2008 (Bollettino di archeologia online, no spécial 1/2010) : https://www.yumpu.
com/fr/document/view/17381512/reims-loppidum-et-les-debuts-de-la-ville-gallo-romaine.
2. ROLLET, Philippe, Reims : la fouille de la rue des Moissons, DFS, Fouille de sauvetage urgent,
Châlons-en Champagne, SRA Champagne-Ardenne, 1994.
3. BALMELLE, Agnès, NEISS, Robert, « Les maisons de l’élite à Dvurortorvm », Bulletin de la
Société archéologique champenoise, 96, 4, 2003, p. 5-102.
4. NEISS, Robert, « Nouvelles observations sur les fossés d’enceinte antique de Reims (Marne) »,
Bulletin de la Société archéologique champenoise, 4, 1976, p. 47-62.
5. Ibidem.
6. BALMELLE, Agnès, Reims (Marne), 21 boulevard de la Paix, Fouille de sauvetage urgent,
Châlons-en Champagne, SRA Champagne-Ardenne, 1999.
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AGNÈS BALMELLE, BASTIEN DUBUIS, PIERRE-YVES LAMBERT
préalable au creusement du fossé, creusement du fossé, élévation d’une levée de craie,
maintien avec quelques poteaux frontaux verticaux et renfort de quelques pierres.
C’est sur la fouille située à l’angle des rues Boulard et Capucins qu’un habitat de la
première moitié du Ier siècle av. notre ère a été mis au jour sous la levée de terre7.
La fouille au 17 boulevard de la Paix a permis de dégager un important niveau
de circulation à même la craie géologique qui est vraisemblablement à associer à
ces fortifications. Ce niveau est matérialisé par de nombreuses ornières qui suivent
l’orientation du fossé de l’oppidum.
L’objet en plomb no 1007 a été recueilli lors du 3e décapage sur la craie géologique.
Bien que sa position stratigraphique ne soit pas totalement assurée, on peut proposer
une origine précoce, et probablement contemporaine de la construction du fossé.
Dans le même contexte, de nombreux petits objets : rouelle, couteau, anneaux,
fragments de tôles, ont été recueillis, ainsi que trois monnaies rèmes très peu usées,
étudiées par J.-M. Doyen : no 1, type BN 9180 (vers 120-70 av. J.-C.), no 20 et no 30,
type BN 7738-7775 (Ier siècle av. J.-C.), un potin SEQUANES BN 5368 (no 32, fin
IIe-début Ier siècle av. J.-C.) et une dizaine de fibules.
Agnès BALMELLE
Inrap GEN
agnes.balmelle@inrap.fr
2. L’objet en question
Il s’agit d’une barrette en plomb, de section carrée, de 4,4 cm de long et pesant
10 g. Elle est en assez bon état de conservation ; on note la présence de carbonates
et acétates de plomb. Elle porte une inscription à la pointe sèche sur l’une des faces.
Or, la plupart des inscriptions à la pointe sèche, sur plomb, le sont sur des portions
de feuilles (étiquettes, lettres commerciales, tablettes de défixion). Au premier abord,
l’objet ne semble cependant pas issu de la découpe d’une feuille épaisse, comme le
sont certaines chutes étroites en forme de tige. Le support en question ici est donc
une exception. Il semble bien avoir été coulé, probablement dans un moule ouvert.
Ce type d’objet n’est pas récurrent, bien que des séries numériquement importantes
de matériel antique en plomb, totalisant plusieurs milliers de restes, aient été étudiées
ces dernières années (Alésia, Mâlain et Vertault en Côte-d’Or8 ; Bibracte9; MathayMandeure dans le Doubs10, etc.). À Mathay-Mandeure, où plus de 3 000 restes de
7. BALMELLE, 1995 : Balmelle, Agnès, Reims : le site de la villa des capucins, DFS, Fouille de
sauvetage urgent, Châlons-en-Champagne, SRA Champagne-Ardenne, 1995.
8. BRUNET, Michaël, Première approche sur le mobilier en plomb à l’époque gallo-romaine en
Côte-d’Or : les exemples d’Alésia, Mâlain et Vertault, mémoire de DEA, Université de Bourgogne,
2002, 2 vol.
9. DUBUIS, Bastien, Le Plomb à Bibracte : contribution à l’étude du plomb en Gaule romaine et
préromaine, mémoire de Master I, Université de Bourgogne, 2009.
10. DUBUIS, Bastien, Le Plomb à Mathay-Mandeure Epomanduodurum : nouvelles considérations
sur l’utilisation du plomb en Gaule romaine, mémoire de Master II, Université de Bourgogne, 2010.
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INSCRIPTION SUR TIGE DE PLOMB TROUVÉE À REIMS
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plomb ont été examinés, aucune des quelques rares barrettes découvertes n’est aussi
régulière ni aussi fine. À Bibracte, on connaît un curieux scellement en plomb, au
sommet rainuré, certainement pour l’accueillage d’une vitre ; cette rainure est bloquée
par une petite barre de plomb de taille similaire à la pièce de Reims, peut-être pour
des commodités de transport (cale ?). Mais la présence de l’inscription, ici, oriente
vers d’autres pistes.
L’une des extrémités semble finie, l’autre résulte au contraire, et de manière très
nette, d’une découpe (au ciseau, probablement). La pièce était donc plus longue à l’origine, et l’inscription a été apposée préalablement, sur une extrémité.
L’hypothèse d’avoir affaire à un plomb commercial, attaché à un produit quelconque, semble peu crédible. Les quelques cas de barrettes commerciales inscrites
concernent des pièces beaucoup plus petites (« bâtonnets ») et dont l’inscription est
obtenue en relief11. L’usage de la pointe sèche renvoie plutôt aux étiquettes et lettres
commerciales, mais la morphologie de la pièce s’oppose à cette fonction (objet coulé et
non découpé dans une feuille, absence d’attache). De même, la piste magique semble
devoir être rejetée d’emblée, tant par le contexte de découverte que par le support et
par l’inscription en elle-même (voir plus loin).
Nos observations conduisent plutôt à définir cet objet comme un demi-produit,
ou petit lingot de production, en forme de longue tige exploitée par petits tronçons.
Les dimensions, constantes, en sont un indice ; dans le cas d’une utilisation du plomb
en alliage avec d’autres métaux fusibles (le plomb est utilisé dans le potin, par exemple),
l’artisan peut évaluer facilement la quantité de métal prélevé sur la barre, cette mesure
pouvant être calculée en portion de longueur. La finesse du demi-produit évoque dans
ce cas un usage dans une activité de production très fine où la part des métaux est
contrôlée, et où la quantité de métal transformé est faible. Le contexte de découverte,
très précoce, pose la question d’un usage dans le cadre d’une production monétaire,
par exemple des potins ; mais la graphie semble renvoyer à une période un peu plus
récente (voir plus loin). De manière générale, les découvertes d’objets en plomb se font
rares en Gaule, en dehors du midi, à la fin de La Tène. L’usage du plomb se développe
essentiellement avec l’adoption des modes de construction à la romaine, à la période
augustéenne et surtout par la suite. Chose intéressante, on relève à la fin du second âge
du fer quelques cas de l’usage du plomb en contexte artisanal, soit d’artisan bronzier,
soit d’atelier monétaire : cas de la matrice de pièce de harnachement de Bibracte12 ; cas
du poids de l’oppidum de « La Pierre d’Appel » à Étival-Clairefontaine dans les Vosges,
associé à un atelier monétaire13 ; cas également des feuilles de plomb associées aux
activités de production monétaire sur l’oppidum de Villeneuve-Saint-Germain14.
Le constat que seule la partie inscrite soit conservée, au premier abord déroutant, s’explique par analogie ; en effet, les restes de demi-produits métalliques, en
11. DISSARD, Paul, Collection Récamier : Catalogue des plombs antiques (sceaux, tessères, monnaies et objets divers), Paris, Rollin et Feuardent, 1905.
12. Voir note 9.
13. DEYBER, Alain, « Poids de balance en plomb celtiques », Instrumentum, 17, 2003, p. 3.
14. DEBORD, Jean, « L’atelier monétaire gaulois de Villeneuve-Saint-Germain (Aisne) et sa production », Revue Numismatique, 6 e série, 31, 1989, p. 7-24.
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AGNÈS BALMELLE, BASTIEN DUBUIS, PIERRE-YVES LAMBERT
particulier les barres de fer, correspondent le plus souvent aux extrémités, rejetées
(soit la partie distale, parfois irrégulière, soit la partie proximale telle que la soie de
préhension).
Finalement, nous retenons l’hypothèse d’un demi-produit calibré, importé probablement d’une autre contrée gauloise (d’après l’inscription : voir ci-après), et supportant sans doute le nom du fabricant, comme cela se vérifie sur les nombreux lingots et
saumons de plomb antiques découverts en contexte d’épave. L’idée d’un usage destiné
à la métallurgie des métaux fusibles paraît satisfaisante. Loin d’être anecdotique,
cette pièce pourrait constituer l’un des plus anciens témoins du commerce du plomb
en Gaule, en dehors du littoral méditerranéen.
Bastien DUBUIS
Inrap GEN
bastien.dubuis@inrap.fr
3. L’inscription
Écriture
La graphie correspond à une cursive latine assez ancienne (fin Ier siècle av. J.-C. ou
début Ier siècle apr. J.-C.). Le signe le plus caractéristique de cette haute époque est le
A dissymétrique (un peu en forme de « chaise »)15.
Lecture
GNATOS TASGEDO
Les thèmes onomastiques, et l’une des deux désinences (-os dans Gnatos), sont
gaulois.
Gnatos est un nominatif singulier gaulois (de la déclinaison thématique). C’est le
nom du « fils » ; ce nom commun est employé aussi comme nom propre, comme l’in-
15. Voir MARICHAL , Robert, Les Graffites de La Graufesenque, Paris, CNRS, 1988 (Supplément
à Gallia, 47), p. 24 (A 19).